Source : Libération
AFP
Deux bi-plans réalisent, le 8 septembre 2006 à Port-Saint-Louis-du-Rhône, une opération de démoustication par épandage.
Deux bi-plans réalisent, le 8 septembre 2006 à Port-Saint-Louis-du-Rhône, une opération de démoustication par épandage. (Photo Boris Horvat. AFP)

L’appel a été lancé sur internet en septembre par un groupe de médecins limousins auxquels se sont associés des médecins de Martinique et de Guadeloupe, ébranlés par l’affaire du chlordécone.

Le chlordécone est un pesticide qui fut employé à large échelle aux Antilles entre 1973 et 1993 avant d’être interdit mais dont la présence persistance dans les sols et rivières continue à contaminer les cultures, viandes et poissons.

Dans leur appel, les médecins soulignent qu’une exposition professionnelle aux pesticides est, selon la littérature scientifique, liée à des risques accrus de maladie de Parkinson, de cancers de la prostate et de certains cancers du sang. Les études font également état d’un risque de malformations congénitales augmenté chez les enfants des femmes exposées aux pesticides pendant leur grossesse.

Les médecins relèvent par ailleurs que «personne ne conteste l’imprégnation générale de la population» par les pesticides «à faibles doses», ce qui «n’est pas rassurant» dans la mesure où «de nombreux pesticides sont des perturbateurs endocriniens» dont les effets ne dépendent pas de la dose, mais de la période d’exposition. Les perturbateurs endocriniens sont soupçonnés d’être une des cause de la recrudescence de certains troubles comme l’infertilité, l’obésité, les pubertés précoces.

Pour protéger les populations, les médecins préconisent notamment de mettre fin aux dérogations à l’interdiction européenne des épandages aériens, notamment aux Antilles où, souligne le Dr Perinaud, les dérogations sont «beaucoup trop souples» atteignant dans certains cas «12 mois sur 12», alors même que la population est encore contaminée par le chlordécone.

L’appel invite également l’Etat à reconnaître de nouvelles maladies professionnelles agricoles liées aux pesticides, à mieux étiqueter les produits destinés à l’alimentation, et à confier à des laboratoires indépendants la réalisation des tests nécessaires pour l’autorisation de mise sur le marché. Il réclame enfin une meilleure prise en compte des perturbateurs endocriniens au niveau européen.

Le Parlement français a déjà répondu la semaine dernière à l’une de leurs autres revendications en interdisant les pesticides hors usage agricole. Mais la mesure ne prendra effet qu’en 2020 en ce qui concerne l’interdiction des pesticides dans les espaces verts publics et 2022 pour les jardins particuliers.