Source : Le Figaro 25 10 11 :

Selon le Commissariat général au développement durable, le traitement de l'eau pour éliminer les excédents de réjets polluants agricoles coûterait au moins cinquante-quatre milliards d'euros par an.

Au moins cinquante-quatre mil­liards. C'est ce que coûte chaque année le traitement de l'eau pour éliminer les excédents de rejets polluants agricoles: engrais azotés et pesticides. Une facture particulièrement salée qui pèse notamment sur les ménages selon une étude effectuée par le CGDD (Commissariat général au développement durable), publiée il y a quelques jours. «Pour les ménages des localités les plus polluées, ces dépenses supplémentaires pourraient atteindre 494 euros par an soit un surcoût de près de 140% de la facture d'eau moyenne», explique le document. Cela correspond pour beaucoup d'entre eux à la nécessité d'acheter de l'eau en bouteille ou à l'installation de systèmes de filtration.

Les économistes du CGDD évaluent également entre 800 et 2.400 euros par hectare et par an le coût pour assainir l'eau lorsque les captages d'eau potables se trouvent en zone d'agriculture conventionnelle.

Le traitement plus cher que la prévention

La qualité de l'eau en France montre globalement une très nette régression des pollutions industrielles domestiques et urbaines depuis la création des agences de l'eau il y a quarante ans. Mais «elle montre un accroissement des pollutions agricoles et d'élevage essentiellement sur les nitrates et pesticides sauf dans certaines régions», note encore le CGDD.

Ce document ne fait que confirmer le rapport de la cour des comptes publié en 2010 sur le même sujet. Les magistrats expliquaient alors leurs doutes quant à «la capacité de la France d'atteindre dès 2015 les objectifs qu'elle s'est assignée sauf à ce que des améliorations y soient rapidement apportées». La Cour des comptes est d'autant plus sévère qu'elle rappelle qu'en Bavière ou au Danemark des actions préventives ont permis de réduire de 30% les consommations d'azote et de pesticides au grand bénéfice de la qualité des eaux. Des mesures qui ressemblent à s'y méprendre à ce qui se fait dans les Vosges ou à Évian pour protéger les sources. Là où ces pays ont opté pour des mesures préventives la France reste essentiellement sur du curatif. Or, rappelle la cour, ce type de traitement est 2,5 fois plus coûteux au mètre cube traité que la prévention, sans pour autant améliorer la qualité de la ressource.

Quand au CGDD, il enfonce le clou en rappelant que si l'idée nous prenait de vouloir dépolluer les stocks d'eaux souterraines, autrement dit les nappes phréatiques, alors la facture «serait supérieure à 522 milliards d'euros».

Pour télécharger le rapport du CGDD :
http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/ED52.pdf