soutien_gorge.jpgL'usine "SANDEFO" filiale de l'américaine VF CORPORATION est arrivée à Niort en 1955 alors que 3 autres ateliers se fixaient à Saint-Loup, Chef-Boutonne et en Deux-Sèvres.

Suzanne M., ancienne ouvrière témoigne de la dureté des conditions de travail : 3 bâtiments abritaient un nombre impressionnant de machines dont il fallait supporter le bruit 8 heures chaque jour. Du bruit, c'est peu dire, Essayez d'imaginer !!!!!

"J'étais coupeuse, un tapis roulant amenait le "matelas" de tissu sur le très grand plan de travail, avec , sur le matelas,  un "cache" en papier avec les patrons des différents morceaux à couper, positionnés pour perdre le moins de tissu possible. La découpe se faisait  avec des   emporte-pièces.

Il y avait autant d'emporte-pièces que de types de morceaux à découper. C'était des outils très affûtés pouvant couper les tissus en épaisseur, fabriqués par l'atelier de mécanique de l'entreprise, en fonction des commandes.

Au dessus de la table de travail, la machine de coupe était munie d'un grand et lourd plateau, qui s'abaissait automatiquement sur le matelas préparé et enfonçait l'emporte-pièces dans l'épaisseur du tissu. L'ennui était que les différentes épaisseurs restaient souvent collées les unes aux autres par la chaleur dégagée, ce qui ne simplifiait pas le travail des piqueuses, ensuite.

Je me servais de mes deux mains pour poser l'emporte-pièces là où il fallait. Tant que j'étais avancée sous la machine, comme je coupais le rayon laser, elle restait en l'air. Dès que je me reculais, le plateau s'abaissait sur le plan de travail pour couper. Ensuite, il fallait enlever l'emporte-pièces, saisir les morceaux coupés, les déposer derrière, et revenir avec un nouvel emporte-pièces à positionner. Et ça recommençait!

Il fallait travailler selon le M.T.M.: Mouvement- Temps- Mesure du temps. C'était réglé à 13 secondes, et il n'y avait qu'un "saisir". J'avais la trouille, je me détournais vite, mais quand ils ont vu que je perdais 2 secondes, ils m'ont mis à 11 secondes. Oh! ce bonhomme! ( celui qui contrôlait les cadences).

Toutes les 11 secondes, je faisais un demi-tour sur moi-même pour enlever les paquets, les poser, et revenir face à la machine! Et ça, tous les jours, 8 heures par jour! On avait un quart d'heure de pose le matin et un quart d'heure l'après-midi! C'était le Bureau des Méthodes, à Paris, qui décidait. Tout avait été chronométré, et les temps calculés pour tous les postes de travail. Tout était mesuré!

En plus ça faisait du bruit, toutes ces machines ensemble! Mais ce travail, ça vous casse la colonne vertébrale encore plus que les oreilles! En dernier j'en pouvais plus, j'étais tous les 3 jours chez le kiné. Faut l'avoir vécu le travail en usine! Je suis partie en pré-retraite dès que ça a été possible, après 22 ans de cadences infernales!".

SANDEFO Niort a fermé ses portes en juin 2007

Les autres usines Deux-Sèvriennes sont également fermées.

VF CORPORATION fabrique toujours les soutien gorges LOU, .

Si vous avez travaillé ou connu des anciens ouvriers de "SANDEFO" en Deux-Sèvres, nous sommes intéressés par votre  témoignage