J’en veux pour preuve l’exemple de mes deux grands-pères, tous les deux capables de forger, de tourner et d’ajuster des pièces mécaniques  de rechange :

  Louis assurait la réparation des machines agricoles des clients de son patron depuis 1899, puis des automobiles qu’il vendait et réparait à son compte depuis 1912.

  Charles entretenait les locomotives des Chemins de Fer de l’Ouest aux Grands Ateliers de Saintes.

  Evoquer les artisans de ma famille ne se limite pas à l’exemple de Louis et de Charles : ajoutons un grand-oncle, Joseph, maréchal-ferrant de son état, capable, bien sûr de forger un fer à cheval, de "parer" (préparer)  le sabot du cheval et de le ferrer. C’était là l’ordinaire de son métier.

Son goût personnel allait à «l'œuvre d’art », pensée, dessinée, puis réalisée à la forge, à l’enclume et au marteau.

Bien que la maréchalerie de la route de Fontenay, à Niort, ait depuis bien longtemps fermé ses portes, que les odeurs de corne brûlée et les gerbes d’étincelles ne soient plus qu’un lointain souvenir, il me reste la preuve de cette activité : l’enseigne de la maréchalerie, forgée par son propriétaire.

Elle ornait le mur de la maison, au-dessus du portail à deux battants qui fermait l’atelier. Je ne connais pas la date de son installation, mais je me souviens qu’elle est devenue inutile au début des années 50.

La clientèle "d'avant la guerre" n'existait plus: les maraîchers des bords de Sèvre avaient remplacé les attelages de chevaux par des camionnettes et labouraient au tracteur. Quant aux militaires du Quartier Duguesclin, ils n'allaient plus à cheval depuis des années. Le maréchal-ferrant et son enseigne ont pris leur retraite...