Ça y est : Voilà la petite ! Un sourire, un baiser de sa mère. On éteint la lumière.

Silence... Silence momentané, car de dessous  l'oreiller, surgissent une lampe électrique et un livre. Donc silence... et les pages qui se tournent. Donc silence... et le crépitement aigu des bûches dans la cheminée, ma voisine.

" Pas trop fort, dis donc, tu vas me brûler les pieds ! En revanche, faire danser la lumière sur mon bois, c'est plutôt sympa !

Ça m'embellit, ça me rajeunit, moi le lit de la petite.

Si tu savais comme elle aime ça, le feu dans la cheminée, la nuit... en plus du plaisir de la lecture: l'ombre des flammes qui dansent sur les murs, qui agrandit les ombres et les déforme, informes, jusqu'au cauchemar, quelquefois; le chuintement du bois vert ou la pétarade du châtaignier; le coup de fusil de la bûche qui casse et la cascade de celle qui dégringole, rompant ainsi le rythme des pages qui défilent".

Plus tard, les parents arrivent: vite, la petite cache tout. Le feu jette ses dernières lueurs, ses ultimes clartés. Peu à peu, tout redevient silence et obscurité jusqu'à ce que s'élève, sonore et ravageur, le ronflement d'un des dormeurs.