BIOGRAPHIE HENRY DUNANT
8 mai 1828 – naissance au 12 de la rue Verdaine à Genève. Son père Jean-Jacques Dunant, négociant, est juge à la Chambre des Tutelles qui s’occupe du sort des orphelins ; sa mère, Antoinette Colladon, très pieuse, s’occupe de charité.
Mauvais élève au collège, le jeune Henry ne remporte que les prix de piété. Il visite les pauvres, les malades et les prisonniers. Grand lecteur de la Bible, il forme en 1847 un groupe d’études bibliques avec des jeunes gens de son âge – la Réunion du jeudi – qui deviendra en 1852 les Unions chrétiennes de jeunes gens.
1849 – Henry Dunant commence son apprentissage à la banque Lullin & Sauter, qui l’envoie en mission en Algérie. Il rêve de fertiliser et d’industrialiser le pays. En 1855, le gouvernement français lui accorde sa première concession en Algérie ; il construit un moulin, mais ne reçoit pas de réponse quant au développement futur de son domaine.
8 janvier 1858 – Le Conseil d’Etat de Genève autorise la Société anonyme des Moulins de Mons-Djemila fondée par Dunant.
Avril 1859 – Arguant qu’il descend d’une famille exilée de France pour des raisons religieuses, Dunant demande la nationalité française pour faire avancer ses affaires qui stagnent en Algérie.
8 novembre 1862 – Dunant publie à compte d’auteur Un souvenir de Solférino et l’envoie aux souverains et gouvernants de l’Europe. Le livre provoque une immense émotion.
9 février 1863 – La « Société genevoise d’utilité publique » décide de mettre en pratique les idées du Souvenir de Solférino et forme une commission, le « Comité international de secours aux blessés », embryon du futur CICR. Sous la présidence du Général Dufour, la commission rassemble le Docteur Louis Appia, Théodore Maunoir, Gustave Moynier et Henry Dunant.
1863-1864 – Dunant sillonne l’Europe pour propager son idée de sociétés volontaires de secours aux blessés. Du 26 au 29 octobre 1863, une Conférence préparatoire réunit les représentants de14 nations à l’Athénée de Genève. Réunie entre le 8 et le 22 août 1864, une Conférence diplomatique débouche sur la Convention de Genève, dont les dix articles préfigurent la charte de la future Croix-Rouge.
1867 – Alors qu’il est invité à la Cour royale de Prusse et que son buste va être couronné de lauriers à l’Exposition universelle de Paris, Dunant, qui a négligé ses affaires et s’est lancé dans des spéculations hasardeuses, est acculé à la faillite. Les tribunaux genevois le condamnent pour avoir « sciemment trompé ses associés ». A la suite de cette faillite retentissante, Gustave Moynier fait pression sur Dunant pour qu’il démissionne du Comité ; Dunant s’exécute le 25 août ; il a déjà quitté Genève, où il ne reviendra plus.
1867 – Dunant lance une « Bibliothèque internationale universelle » destinée à populariser les chefs-d’œuvre de toutes les cultures, et tente, par l’intermédiaire d’un « Comité pour la Palestine » qu’il a fondé, de favoriser le retour des Juifs en Palestine en créant un double Etat, arabe et juif, placé sous la protection de Napoléon III. Il fonde également une « Société internationale universelle pour la rénovation de l’Orient ».
1870-1871 – Guerre franco-allemande. Dunant voit dans cette nouvelle guerre l’occasion de servir à nouveau la cause de l’humanité. Il crée à Paris une organisation parallèle à la Croix-Rouge, la « Société auxiliaire de Secours aux blessés », puis, sans doute sous l’impression des massacres qui ont accompagné la chute de la Commune de Paris, lance l’« Alliance universelle pour l’Ordre et la Civilisation ». Il vit d’expédients, écrit des articles, lance une affaire de pansements qui tourne court. Obsédé par le remboursement de ses dettes, il rêve d’entreprises mirifiques qui n’existent que dans son imagination.
En 1872 et 1873, en Angleterre, Dunant s’efforce de sensibiliser l’opinion à la question des prisonniers de guerre, sur laquelle la Croix-Rouge, présidée par Gustave Moynier, commence seulement à se pencher, tente de répandre l’idée d’une cour d’arbitrage chargée de résoudre les conflits internationaux.
Selon la légende, Dunant connaît ensuite des années d’errance et de misère à travers l’Europe. En fait, probablement depuis 1874, il reçoit de sa famille une petite pension qui lui permet juste de subsister. Il entretient une relation avec une riche veuve, Léonie Kastner, pour laquelle, officiellement, il fait le représentant de commerce pour un étrange instrument de musique, le « Pyrophone, ou flammes chantantes », invention du fils de Mme Kastner. Au cours de ces années obscures, ses pérégrinations sont difficiles à suivre.
1892 – Dunant se fixe définitivement à Heiden (Appenzell), où on le redécouvre en 1895. Il veut prouver son rôle dans la création de la Croix-Rouge, à présent mondialement reconnue, alors que son nom est oublié à Genève. Il entreprend d’écrire son autobiographie, mais, usé par sa vie errante et en proie au délire de persécution, il ne parvient pas à mettre de l’ordre dans ses idées ; ses « Mémoires » restent un chaos inachevé.
1895 – L’article paru dans un journal de Saint-Gall provoque des réactions un peu partout dans le monde. Les idées de Dunant ont changé, il ne veut plus seulement un code de la guerre, mais lutter contre la guerre elle-même, collabore à des revues pacifistes, écrit L’Avenir sanglant, condamne le colonialisme et la recherche scientifique vouée à la guerre.
10 décembre 1901 – Il reçoit le Prix Nobel de la Paix, qu’il partage avec le pacifiste français Frédéric Passy.
8 mai 1908 – Le monde entier célèbre son 80ème anniversaire.
30 octobre 1910 – Il meurt à l’âge de 82 ans. Par testament, grâce à son Prix, il fonde un lit perpétuel pour un indigent à l’hôpital de Heiden où il a passé ses dernières années. Selon sa volonté, ses cendres sont dispersées à Zurich.
Publié le mardi, 27 mars 2012 par Joachim Grasset